
S'ajoutant au Dit (1995), au Pensé (2002) et à l'Être (2006), le Vu actuel
porte à quatre le nombre de volumes touchant la notion de plus en plus
élaborée d'Autrement. Transformerait-il dès lors notre trilogie en tétralogie
? Ou, - parce que l'on remonte à la base de tout ce qui se formulera
en aval, à cette dimension fondamentale de la langue qui réside en notre
capacité / incapacité de voir, - le Vu ouvrirait-il une nouvelle série
d'ouvrages en passe de gestation latente ? L'avenir le dira. D'ici là, jugez
vous-mêmes de la similitude dans la différence et de la différence dans la
similitude. En ce qui concerne l'ordinairement-vu, il se conçoit comme
venant de l'extérieur et orientant ce regard docile qui ne fait que suivre.
Ce que l'on peut en retenir pour l'autrement-vu, c'est la même passivité du
regard. Ce qu'on doit y introduire de nouveau, c'est le fait que la pression
s'y exerce maintenant non de l'extérieur mais de l'intérieur. Ne provient-elle
pas d'une langue que l'on parle ? C'est celle-là qui fait tourner la tête
à l'homme, c'est elle qui le guide et dirige ainsi son regard... Au fond, il ne
s'agit même pas d'un regard mais des yeux. Ce sont eux que la langue
nous fait littéralement porter ailleurs. Et je dirai même plus, elle nous fait
tourner nos yeux dans tous les sens : vers l'avant - et c'est la perspective
ego qui s'ouvre devant l'homme, vers l'arrière - et c'est une perspective
inverse de l'alter qui entre en jeu, à gauche - et c'est le glissement anti-ego
qui s'opère en moi, à droite - et c'est le dérapage antialter qui nous
guette.
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