Le Portrait de Dorian Gray (1945)
est le deuxième des six films réalisés par
Albert Lewin. C'est l'adaptation la plus
connue et la plus réussie du roman
d'Oscar Wilde et un exemple exacerbé
de la mise en scène hollywoodienne
classique. L'étude ici proposée est une
analyse iconologique détaillée du film,
visant à montrer comment, tout en étant
un parfait produit de studio (tendance «film cultivé»), le film de Lewin est
aussi une oeuvre singulière travaillée par une obsession d'artiste. En particulier,
il s'agit de montrer que la «mise en scène» extraordinairement ciselée
de Lewin y est entièrement pensée sur le modèle pictural, non pas au sens
où on y trouve nombre de citations de tableaux (on a trop souvent réduit
Lewin à cet aspect référentiel) mais au sens où c'est une profonde conception
«picturale» de l'image, de l'espace, de la profondeur, du cadre, du point
de vue, de la figuration, du montage, de la narration qui régit le mode même
de «penser le cinéma» d'Albert Lewin.