
Les Innocentes ou la Sagesse des femmes forme une
succession de confidences qui se lisent comme
testament amoureux d'Anna de Noailles. Dans une oeuvre
essentiellement poétique, il s'agit de son seul vrai recueil de
nouvelles. Elle le publie à quarante-sept ans. La part de soi,
celle de ses élans de femme, elle s'est essayée à la dire dans
ses romans, mais elle est surtout parvenue à la transmettre
dans sa poésie. Les quinze textes courts des Innocentes
sonnent juste. Succession de pensées intimes, de dialogues
imaginés, de lettres jamais envoyées, ces petits contes parlent
du trouble, de la passion, de la fidélité, du mensonge et des
aveux. C'est féministe avant la lettre. On dirait aujourd'hui :
«C'est du vécu.»
«Je prétends passer à la postérité en souriant», disait-elle,
dans une mélancolique coquetterie. Anna de Noailles (1876-1933)
n'a cessé de naviguer entre une incroyable aptitude au
bonheur et un noir désespoir. Son enfance dorée est brisée à
neuf ans par la mort de son père. Sa jeunesse surdouée reste
inquiète. Poétesse adulée, femme fascinante, elle vit sans
cesse dans le doute et l'incapacité d'aimer. Chez elle se presse
le Tout-Paris artistique, littéraire et politique, mais c'est la
poésie qui l'emporte et la fait exister. Une poésie sensuelle
et triste, libre et désespérée, marquée par l'attachement à
la nature et le sentiment de l'éphémère. Tout chez elle est à
redécouvrir.
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