Cet ouvrage propose de retracer le processus de construction d'un
ensemble politique de la Boucle du Niger, connu sous le nom de ceux
qui en étaient la figure dominante : les Touaregs Iwellemmedan. De
l'émergence de l'ancêtre fondateur (seconde moitié du XVIIe siècle)
jusqu'aux premières heures de la colonisation française (1896), il s'agit
de caractériser les relations tangibles qui unissaient ou opposaient les
Iwellemmedan à leurs voisins (Songhay, Arma, Maures, Touaregs,
Peuls...) et, à la fois, d'interroger les interactions entre ces relations et
les dynamiques identitaires à l'oeuvre.
Sur le plan historiographique, ce travail se situe à la rencontre des
apports théoriques et méthodologiques de l'anthropologie, de la socio-histoire
et de la micro-histoire. Les sources mobilisées sont multiples et
variées : chroniques anciennes de Tombouctou, récits des explorateurs
européens, manuscrits arabes non publiés, archives coloniales, sources
orales issues d'un corpus de plus d'une centaine d'entretiens.
A l'heure où les historiens de l'Afrique se préoccupent très largement
de revisiter les périodes coloniale et «post-coloniale», ce livre,
consacré à des temps plus anciens et à une région où le monde occidental
n'avait pas encore de véritable emprise, peut susciter une impression
de décalage. Il partage cependant les mêmes objectifs que ceux
affichés par une historiographie au devant de la scène : contribuer à
une meilleure intelligibilité des logiques identitaires, des formes et des
enjeux de pouvoir qui se développent sur le continent africain au début
du XXIe siècle. L'histoire, quel que soit son propos, s'écrit toujours au
présent.