Description

Dans un contexte de mondialisation des économies, la Méditerranée est devenue un enjeu politique et économique. L'intégration et la coopération économique sur l'ensemble du bassin permettrait de développer une zone de prospérité et de paix. Mais les différents projets, notamment ceux qui émanent de l'Europe, s'inspirent d'une logique ultra-libérale qui ne voit le développement des pays les plus pauvres qu'à travers le prisme du libre-échange et de la compétition accrue entre les différentes économies nationales. Or, les recettes des organismes internationaux (compression de la demande intérieure, ouverture des frontières, effacement de l'Etat) ne peuvent pas avoir d'efficacité dans un contexte démographique explosif au sud du bassin, et avec une croissance économique languissante au nord.

L'ouvrage de René Teboul montre combien une telle approche est réductrice. Sa mise en pratique ne peut conduire, à terme, qu'à un appauvrissement continu des deux rives de la Méditerranée, et par suite à un approfondissement des inégalités entre les classes sociales, avec les conséquences politiques que l'on sait. Le renouveau et la prospérité de la Méditerranée ne pourront passer que par une reconstruction des tissus économiques nationaux, en les réorientant vers la demande intérieure plutôt que vers le marché mondial.

L'originalité de cet ouvrage très documenté est d'insister non seulement sur l'interdépendance entre les réalités sociale, politique et économique, mais également de montrer que la plupart des erreurs de diagnostic des économistes proviennent aussi bien d'une méconnaissance de la réalité la plus immédiate, que d'une myopie qui ne leur permet pas de comprendre la Méditerranée dans sa dynamique propre.