
L'Oubli des peines
Une histoire du sommeil (1700-1850)
Les bienfaits d'un repos mérité, de nombreuses fois réitérés au cours des
siècles antérieurs, n'avaient jamais amené les historiens à s'interroger
Isur la place qu'occupait le sommeil dans les sociétés passées. Longtemps,
notre histoire entière a été l'histoire d'hommes éveillés. Il est pourtant indéniable
que la société française à la veille de l'Industrialisation se caractérisait par une
culture dominante de sommeil, très largement christianisée et vivant selon des
habitudes héritées. Le lieu d'accueil (chambres, garnis, dortoirs), le mobilier et les
accessoires (lits, bourdalous, réveils, veilleuses), les attitudes du corps endormi
(positionnement du corps, durée du sommeil), les rituels (prières, sujets de
méditation), les vêtements (chemise de nuit, bonnet) sont des éléments partagés
par la société française, tout en étant des marqueurs de distinction sociale. Un
aristocrate parisien ne dormait pas comme un paysan de la Gâtine poitevine, une
femme différemment d'un homme, un vieillard plus difficilement qu'un enfant...
En ce sens, pratiques et discours sont intimement liés. La question du sommeil
a en effet occupé une place spécifique dans l'organisation des savoirs touchant
à l'étude de la nature humaine. Elle appartient, autant à la médecine, qu'à la
philosophie ou encore à la théologie. Autant de disciplines qui s'interrogent
sur les fonctions du sommeil, ses enjeux, mais aussi ses troubles: insomnie,
somnambulisme, sommeil excessif...
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