
Marcel Mauss est l'un de ceux qui ont le plus fait pour la
théorie du rythme au XXe siècle. Pourtant, parmi ses héritiers
directs, seul Gurvitch a prolongé sa réflexion, sous une
forme du reste très limitée. Chez Lévi-Strauss, qui place sur
le devant de la scène scientifique la notion de structure, le
rythme disparaît presque totalement. Il en est de même
dans la lecture politique de Lefort. Le rythme ne reste une
préoccupation que chez des maussiens marginaux comme
Bataille ou Caillois, ou encore en paléoanthropologie chez
Leroi-Gourhan. Benveniste lui rend hommage dans son essai
sur le rythme en Grèce ancienne, mais c'est de manière allusive
sans le citer directement. Aujourd'hui, il est largement
ignoré par la plupart des chercheurs qui disent s'inspirer de
sa pensée.
L'objet de cet essai est de remettre en question cet effacement,
de restituer cette dimension essentielle à la compréhension
de l'oeuvre de Marcel Mauss et de montrer en quoi
celle-ci peut aujourd'hui nous aider dans la reconstruction
épistémologique dont nous avons besoin pour affronter le
monde qui vient.
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