Dans la couverture de l'interminable conflit israélo-palestinien, le
quotidien des deux peuples est trop souvent passé sous silence. Le
pendule des médias oscille entre deux pôles schématiques, «le regain
de violence» et «l'espoir de paix», ignorant les mouvements de fond
qui façonnent les opinions publiques. Parce que c'est un pays sans
frontière ni État, une nation aux racines profondes mais à l'histoire
récente, la Palestine pâtit encore plus qu'Israël de ce traitement binaire.
Alors que la saga des kibboutz fait partie de l'image de marque de
l'État juif, qui, par exemple, connaît le «somoud», cet enracinement
à la terre, dont les paysans palestiniens ont fait le nom de code de leur
résistance à l'occupant ?
Composé de reportages écrits entre 2002 et 2008, ce livre s'efforce
de remédier à ce manque. Il éclaire l'actualité en donnant la parole aux
Palestiniens ordinaires, qui luttent, souffrent, rêvent, créent et parfois
aussi renoncent. Il met en lumière les ressorts profonds de l'irrésistible
ascension du Hamas, analyse le démantèlement en cours de la
Cisjordanie, raconte l'asphyxie de la bande de Gaza et s'achève sur
l'évocation de ces initiatives, collectives ou individuelles, qui maintiennent
l'identité palestinienne vivante.
Dans cette période désenchantée, marquée par le double échec de
l'Intifada et du processus de paix, cet ouvrage dresse le tableau d'un
peuple qui cherche, à tâtons, les clés de sa liberté.