Entre Cannes et Menton, sommes-nous vraiment en
France ? Sur cette Côte d'Azur à la beauté fatale, les lois de
la République peinent à s'appliquer.
Après les émirs du golfe Persique, les Russes et les
Kazakhs viennent flamber dans les boîtes de nuit et
placer leur fortune dans des villas à plusieurs dizaines de
millions d'euros. Les mafieux italiens, pourchassés dans la
péninsule, ne se contentent plus de chercher refuge sur la
Riviera française. Ils s'y sont incrustés et blanchissent les
revenus du trafic de drogue.
Cet argent d'origine douteuse fait tourner les têtes.
Chacun, à son niveau, cherche à en grappiller quelques
miettes. Par tous les moyens. Au point que, selon un élu
poursuivi par la justice, «les gens écoeurés par les affaires,
ce sont ceux qui n'ont pas eu leur part». Corruption et
passe-droits paraissent aussi naturels que l'air qu'on respire :
les places dans les ports de plaisance se négocient sous le
manteau, tandis que des maires déclassent des terrains pour
les rendre constructibles au profit de leurs amis haut placés.
Face à ces dérives, l'État semble passif et la justice
peu curieuse des malversations financières impliquant des
notables. Les requins de la Côte d'Azur ont le champ libre.