Seize nouvelles brutales et décapantes, parfois insoutenables.
Certes, la prose de Joyce Carol Oates n'a jamais été
recommandée comme berceuse mais, en ce qui concerne ce
recueil, les enfants auront intérêt à aller se coucher encore
plus tôt car, très vite, Oates se montre sans pitié pour eux.
Bien entendu, les véritables aficionados en redemanderont.
Joyce Carol Oates a superbement disséqué le chagrin et
le choc provoqués par la mort en 2008 de son premier mari,
Ray Smith, et il n'est donc pas surprenant que la perte et le
deuil soient les thèmes dominants de ce recueil rageur, dur
et viscéralement dérangeant, écrit au lendemain du malheur.
On y cherchera en vain la résignation de la veuve : Oates
semble déterminée à nous convaincre que la femme en deuil
est une sorte de coupable, une victime qui dans un sens mérite
tout ce qui lui arrive (et ce n'est pas toujours tendre). La
démonstration est réussie, et quel bonheur de lecture que ces
pages qui font tomber les idoles et les clichés avec une santé,
une énergie - et une plume - d'une jeunesse éblouissante.