Benedetto Croce (1866-1952) est sans aucun doute le philosophe italien le plus marquant du XXe siècle. Influencé par l’idéalisme hégélien, ses premiers travaux en portent la trace, même si par la suite cette ascendance sera quelque peu remise en question. Son oeuvre est immense et diverse, parcourant les domaines de la philosophie de l’histoire, de l’esthétique, de l’histoire de l’art, de la logique. Les Thèses fondamentales pour une esthétique comme science de l’expression et linguistique générale, publiées par le philosophe en 1900, constituent le premier jalon d’une réflexion esthétique qui aura une place centrale dans la philosophie crocienne et donnera forme à ces grands ouvrages que seront l’Esthétique comme science de l’expression et linguistique générale (1902) – dont le présent livre est le noyau théorique initial –, le Bréviaire d’esthétique, l’Aesthetica in nuce, les Derniers essais d’esthétique et la Poésie, où, sur un arc temporel de plus de 35 années, Benedetto Croce a développé ses thèses originales sur l’art comme intuition et expression, unité intuitive de forme et de contenu.
Fondateur avec Giovanni Gentile de la revue de philosophie La Critica (1903), Croce se démarquera publiquement des thèses de ce dernier sur le rôle de l’intellectuel dans le Fascisme en publiant un
Manifeste des intellectuels antifascistes (1926) qui en fera le symbole de la résistance de la libre pensée au totalitarisme.