«Démettre le monde, ne plus y être pour personne, vivre
enfin dans le dégagement, le défaut, le dévers, glisser vers
les marges, les notes de bas de page, les parenthèses, les
incises, les avant-propos, traquer la vérité dans un exil parfait,
loin du passage des heures, des gestes et des mots
inutiles, rompre enfin avec le mensonge des faits, s'ouvrir
au rien, à la lenteur, à la latence, ne plus être dans
l'existence mais exister dans l'être, le peut-être, l'avant-être,
être en amont du monde, au coeur de la juste distance,
entre le ciel et soi, loin des contingences de la terre, et
des autres, pour y chercher sans hâte le sens qui emplit le
monde du vacarme assourdissant de son absence, pour y
chercher le juste point de l'être, éprouver jusqu'au bout le
vertige de l'écrasement, l'écho du monde, creuser au plus
profond de soi, jusqu'à se retrouver, ou se perdre, tenter
l'expérience pure de l'être.»
Écriture de l'intime loin des confessions, du «je» loin
des circonstances, de la solitude comme voyage et hypothèse,
Un peu là beaucoup ailleurs est le récit immobile
d'un pari, celui d'une vie autre, depuis le lieu - seul habitable
? seul possible ? seul réel ? - d'un soi vacant et
ouvert, jusqu'à l'absence, et tel souverainement élu.