13 août 1759 : seize ouvriers, délégués par les tondeurs de Verviers,
Ensival, Hodimont et Francomont, et en accord avec leurs confrères d'Eupen,
créent clandestinement le premier syndicat verviétois, dont l'existence restera
secrète durant plus de vingt ans.
«Les premières traces d'une organisation collective d'ouvriers datent
donc de 1759. Quel bail ! En deux siècles et demi, une foule de résistants, pour
la plupart anonymes, ont cent fois sur le métier remis l'ouvrage pour changer
le monde et se construire d'autres réalités. Aussi pour porter à bout de bras la
perspective d'une autre société plus égalitaire.
Impossible de faire de ce passé table rase !
D'abord parce qu'il n'est pas dépassé. La chronique du capitalisme
ressemble à celle d'une guerre sans armistice pour les travailleurs. Rien n'est
jamais définitivement acquis et l'oublier coûte cher. L'humanisation de ce
régime n'est due qu'à la volonté et à la détermination d'un mouvement ouvrier
progressivement organisé dans une recherche d'unité, par une succession d'essais
et d'erreurs, sous la contrainte des rapports de force. Le rappeler, c'est aussi
parler d'aujourd'hui. Si hier, dans des circonstances évidemment plus difficiles,
les travailleurs ont pu changer la vie, alors, aujourd'hui, un autre monde est
aussi possible ! Interrogé sur les valeurs de la résistance, Raymond Aubrac
nous citait récemment sans hésitation : «La désobéissance, la solidarité mais
surtout l'optimisme !» L'histoire des gens sans titre, celle des citoyens lambda,
des travailleurs verviétois, est aussi une invitation à croire en ses utopies pour
qu'elles se réalisent !»