Ce livre laisse entendre la voix des mères de criminels, plus
rarement celle des pères ou de l'entourage, mais aussi, fût-ce par
bribes, celle des condamnés. Paroles dites, écrites ou rapportées,
qui racontent l'irruption du drame, puis le besoin instinctif de
faire face, de sauver ce qui peut, ce qui doit l'être encore. Paroles
qui empruntent souvent à la triste banalité pour signifier
l'indescriptible, cette onde de choc à laquelle aucune famille
n'est préparée. Pas de cris ni de plaintes, mais presque toujours
l'aveu d'une incompréhension sans fin et le poids du remords
avec, quelquefois, devant un constat trop pénible, la tentation
du déni ou la volonté farouche de rétablir la vérité, de prouver
l'innocence. Il y a enfin les mères qui doivent mettre des mots sur
un crime qui échappe à la raison et à la justice des hommes.
Et celles qui parlent au nom de celui qui n'est plus, qui a mis fin
à ses jours, ou qui fut l'un des derniers à monter à l'échafaud...
En regard des témoignages de ces femmes ou des proches de la
personne condamnée, des professionnels de la justice et de la santé
livrent leur expérience et leurs réflexions sur le destin qui prend
forme dans les plis du roman familial et le jeu des représentations
sociales. Penser l'acte criminel ou la folie, en explorer les ressorts,
c'est aussi rendre justice aux mères qui ont subi l'infamie sans
jamais renier leur enfant.
Maria Carrier est allée à la rencontre de ces mères dont les
enfants ont un jour commis l'irréparable. Après plus de deux ans
d'une enquête difficile, elle nous livre un document poignant et
éclairant.