
Avec L’Horloger, un thriller haletant et brillamment construit, Jérémie Claes a tenu nos lecteurs en haleine jusqu’à la dernière page. Son récit, qui mêle tension psychologique, mystère et précision narrative, a rencontré un vif succès. Récompensé par le Prix Lecteur Club 2024 dans la catégorie Thriller, il s’impose comme une nouvelle voix du genre.
Écrire, c’était un rêve d’enfant ?
“Ça a toujours été ma vocation. Gamin, quand on me demandait ce que je voulais faire comme métier, je disais écrivain. Pas pompier ni flic. J’écrivais des nouvelles tout le temps, des récits fantastiques… Cette idée qu’on peut, à partir d’une page blanche, inventer tout un monde, m’a toujours galvanisé.”
Votre polar surfe sur l’actualité…
“Il y a le côté actu et donc très concret, et puis ce côté fiction, qui n’est autre qu’un outil pour parler du monde… Et plus de mes angoisses, principalement face au totalitarisme. C’est quelque chose de jouissif de pouvoir traiter ses cauchemars par le biais de la littérature (Stephen King est l’un de ses auteurs préférés, ndlr).”
Concrètement, comment est né l’Horloger ?
“Le projet maturait depuis longtemps, et puis un jour, une bascule s’est opérée : il a fallu que j’écrive ! C’était un 1er janvier, plutôt symbolique… La seule contrainte que je me suis mise était d’écrire tous les jours, même 10 minutes. Souvent à la maison, et puis dans les bistrots. J’adore écrire dans les bistrots : être entouré par les gens et le bruit permet, paradoxalement, de s’enfermer dans son propre univers.”
Les critiques sont excellentes !
“La validation des professionnels du secteur a été une vraie reconnaissance pour moi. Le Prix des lecteurs Club est un autre bon exemple, ça me permet de me dire que ça en valait la peine ! J’ai longtemps souffert du syndrome de l’imposteur, et là, pour la première fois, je me sens légitime. D’abord parce que j’éprouve un plaisir fou à écrire, et après, parce que ça a été validé par les lecteurs, les libraires, les journalistes… J’étais prêt à déplacer des montagnes et les planètes se sont alignées."
"J'ai longtemps souffert du syndrome de l'imposteur et là, je me sens légitime”
Votre livre nous emmène de Washington au Sud de la France…
“Et plus particulièrement à Gourdon, dans l’arrière-pays de la Côte d'Azur, le village où est née ma grand-mère. J’y ai passé des moments merveilleux : mes parents me lâchaient à 9h du mat’ dans la nature et me récupéraient à 19h. Avec mon cousin et les copains du village, on se perdait dans la montagne, on se baignait dans les torrents. Je jugeais intéressant de placer l’intrigue dans un lieu de vacances et de prendre le contre-pied de l’imagerie du thriller, qui a toujours lieu en ville, en hiver, sous la pluie. J’aime prendre des archétypes et les inverser. C'est valable pour le personnage de Solane, le flic, qui est tout sauf torturé. Il a de la gouaille, beaucoup d’humour, c’est un personnage solaire.”
Votre récit tient en haleine, comment réussir ce tour-là ?
“Je ne connais pas d’auteurs qui ne soient pas de grands lecteurs. Lire infuse en nous des techniques. L’Horloger est complexe parce que ça se passe sur 3 époques, 3 continents, avec des dizaines de personnages, mais on peut instaurer le suspense dans un cadre moins complexe. C’est le cas dans mon deuxième roman, Commandant Solane, qui a lieu à une époque et dans un lieu uniques.”
Certains lecteurs suggèrent une adaptation de L’Horloger au cinéma.
“Apparemment l’intrigue est digne du grand écran. J’adorerais, parce que je suis cinéphile, mais ça demanderait un budget colossal : le bouquin commence quand même par une fusillade au sommet de la Trump Tower !”
En quoi consiste votre quotidien ?
“J’écris tous les jours, je fais des tournées promo (salons du livre, librairies…). Il faut vendre beaucoup de bouquins pour vivre de l’écriture, tout le monde ne s'appelle pas Franck Thilliez ou Virginie Grimaldi, mais c’est inestimable de pouvoir faire ce qu’on aime, d’avoir cette liberté-là. Je vis les meilleurs moments de ma vie. Comme quoi les rêves de gamins, il ne faut pas les sous-estimer !”
SA BIO
DU TAC AU TAC
Le livre qui vous a mené à la lecture ?
“Un film plutôt… Superman 3. J’étais très fan de Superman et je me suis rendu compte que derrière l’histoire, il y avait un métier d’acteur, de réalisateur et de scénariste. Superman, ce héros incroyable, était un objet de fiction, on l’avait créé de toutes pièces. Ça a été le déclic, je me suis dit : ‘C’est génial, comme métier, de pouvoir inventer’”
Le livre à offrir à un enfant/ado ?
“Le Petit Nicolas pour les enfants. Pour les ados, Hunger Games. J’aurais surkiffé !”
Un dernier vrai coup de cœur ?
“My Absolute Darling de Gabriel Tallent, un de mes grands chocs littéraires de ces dernières années, un thriller psy à la frontière des genres.”