
J'enseigne maintenant notre belle langue aux quatre
filles d'un médecin du voisinage. Ce n'est pas encore le
Pérou. D'ailleurs je ne vise pas présentement aux sous.
Quant à des versses... hélas ! oui, je crois bien que j'en
ferai toujours... En attendant, je pense à ces "cantiques"
qui t'alarment. Pourtant ça sera très bien, si je puis. Des
espèces de psaumes de David, avec mon triste moi
dedans et tout ce que j'y pourrai mettre d'orthographe et
de prosodie. Très complet, - depuis libera me de sanguinibus
jusqu'à usque quo ? - Ai-je besoin d'ajouter que rien
d'artistique ? O je hais jusqu'à cette ombre d'insincérité,
maintenant, et aujourd'hui surtout.
- Mon poème sacré serait immense. Il roulerait sur la
Vierge. Titre probable : Le Rosaire. Comprendrait depuis
Adam et Ève jusqu'à présent. Toutes les civilisations,
toutes les légendes... Je tiens à peu près le plan qui est
tout théologique et qui a encore besoin d'être digéré.
J'aurai besoin d'immensément voyager. Chemin faisant,
j'accrocherai probablement des occasions de livres en
prose, histoire, critique, etc. Ce serait toute ma vie,
naturellement.
Lettre à A Ernest Delahaye. 29 avril 1875.
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