
L'oeuvre d'Alfred Jarry est souvent réduite au cycle d'Ubu ;
l'opacité des poèmes des Minutes de sable mémorial, l'action
occulte de César-Antechrist, le caractère fragmentaire de
Faustroll en rendent l'accès difficile. Jarry cultive en effet
l'obscurité, inscrivant son premier livre sous un programme de
lecture paradoxal : «Tous les sens qu'y trouvera le lecteur sont
prévus, et jamais il ne les trouvera tous ; et l'auteur lui en peut
indiquer, colin-maillard cérébral, d'inattendus, postérieurs et
contradictoires.» Cet ouvrage se veut un essai de rhétorique
globale de la première partie de son oeuvre, depuis son entrée au
Mercure de France au début des années 1890 jusqu'à la parution
de L'Amour absolu en 1899, qui permette de saisir ces textes qui
se refusent à la lecture. Partant d'une analyse des oeuvres de
Villiers de l'Isle-Adam, Mallarmé, Gourmont ou encore Saint-Pol-Roux,
il décrit les conditions de production et de réception des
textes dans la communauté symboliste, afin d'étudier la manière
dont Jarry s'inscrit dans le champ littéraire de son époque et
s'approprie les outils herméneutiques de la littérature fin de siècle,
faisant de son oeuvre une quête de l'absolu littéraire.
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