En son temps, Anatole France (1844-1924) était une célébrité qui
dépassait largement les frontières de l'hexagone : il était connu dans toute
l'Europe, même en Russie. On commémore ensuite sa mémoire
jusqu'en 1954 et les petits écoliers s'entraînent à la dictée sur des textes
comme Les Désirs de Jean Servien. Mais l'Académicien tombe peu à peu
en désuétude : en dehors de quelques connaisseurs, les générations nées
après que l'homme ait posé le pied sur la Lune l'ignorent ; son nom
disparaît des programmes du baccalauréat.
Il y a pourtant de nombreux intérêts à le connaître. Ses traces
subsistent à Paris et en Touraine : des noms de rues, de places, d'un site
de l'Université de Tours, des bustes, la Béchellerie à Saint-Cyr-sur-Loire où
il vécut. Son oeuvre engagée en faveur des défavorisés est fondamentale : il
aida à la création de bibliothèques, de théâtres ou d'universités populaires ;
il combattait l'iniquité ; soutint courageusement Dreyfus réclamant justice
et vérité ; il se rangeait du côté de la paix entre les Nations. C'est le type
même de l'écrivain social qui défend le peuple, lui-même en étant issu par
ses parents.
Bonjour, Monsieur France est un essai composé à deux mains
(par F.-G. Theuriau en 2007 et par M. Romains en 1955) avec plus de
cinquante ans d'écart. Le sujet est finalement d'actualité, puisque tout
ce qui touche au social est à la mode et que, d'un point de vue de la
connaissance littéraire, l'approche biographique des écrivains, évincée
dans la dernière moitié du XXe siècle, revient en force depuis quelques
années. Monsieur France est donc présenté à travers son oeuvre mais aussi
son intimité pour mieux le comprendre et l'apprécier.