La mythocritique de Gilbert Durand met en évidence, à travers un
auteur, les mythes directeurs et leurs variations significatives. La lente
faillite du mythe de Prométhée, après l'écrasement sanglant de la
Commune, était lourde de conséquences. Les auteurs qu'affectionne Ch.-L.
Philippe, Nietzsche et Dostoïevski, disent le désenchantement provoqué par
l'abandon de l'optimisme scientifique. Si, d'une part, Philippe exalte
"l'homme fort", il participe cependant à la "révolution par les "humbles" qui
fait une large place aux images de l'intimité, au décorativisme et à
l'enjolivement, à la "raréfaction", et qui remet ainsi en question les
habitudes de penser du classicisme romanesque.
Les mythologies de la Décadence apparaissent comme le symptôme
d'un déchirement sans lequel, pour survivre, une culture ne peut se
maintenir. De ce déchirement, l'oeuvre de Philippe porte témoignage.
Entre le déchaînement de Dionysos et l'assurance ébranlée de
Prométhée, la quête d'"autre chose" est patente et l'oeuvre de Philippe est là
aussi pour en témoigner.