
Après le départ de Lon Nol et la débâcle de l'armée de la République khmère le
17 avril 1975, les Khmers Rouges entrent dans Phnom Penh, vident la capitale de sa
population, transforment le Cambodge en une immense prison sans murs et
entreprennent un véritable génocide contre leur propre peuple. Deux millions de
Cambodgiens sur sept ont disparu : une tragédie qui dépasse l'entendement et qui
évoque la Shoah et la «solution finale» organisée par les nazis en janvier 1942.
Comme des milliers de ses compatriotes, Chuth Khay a été déporté dans la zone
Est sur la rive gauche du Mékong, avec sa famille et sa belle-famille - vingt-quatre
personnes - dont onze périront. Cachés derrière leur Angkar, organisation
criminelle et secrète, les Khmers Rouges tuent leur propre peuple sans sourciller.
Pour échapper à la boucherie, l'Auteur a changé son nom et s'est fait passer pour un
vendeur de pain des rues de la capitale. Malheureusement, il est reconnu par deux
Phnompenhois, dont l'un, son ancien collègue, révèle aux Khmers Rouges sa
véritable identité. Après la disparition de ce dernier, Chuth Khay vit jour et nuit
dans l'angoisse permanente et la peur d'être dénoncé, n'attendant que le jour
«d'aller apprendre», euphémisme qui signifie la mort.
Au début de 1978, les Khmers Rouges du Centre, placés sous le commandement
direct de Pol Pot, franchissent le Mékong pour épurer leurs collègues de la zone Est
et évacuer la campagne de ses habitants. Les purges et le carnage de la population
se déroulent dans des conditions effroyables. L'Auteur, un «mort en sursis», assiste
douloureusement au massacre de ses compatriotes, à l'agonie de son pays, à
l'invasion vietnamienne et à la déroute des soldats de Pol Pot à la fin de cette année.
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