
Qui donc connaît Joseph Tassël, ce jeune écrivain
du début du siècle dernier qui a fait de la rêverie
«un métier personnel et sérieux» et qui, de pension
en hospice, échappe peu à peu à l'existence,
s'effaçant dans la démence comme Robert Walser
à qui il ressemble tant ? Qui le connaît ? Personne
bien sûr puisque, si intense et bouleversant que
soit le destin de cette âme fragile, éprise de littérature
comme d'un absolu, si émouvants que
soient les événements de sa vie intérieure tels
que les livrent son journal, ses carnets, ses lettres,
Joseph Tassël n'a jamais existé... Ce paradoxe
même constitue l'étrange réussite de Benoît
Reiss : il est rare qu'un être de papier acquière
une telle présence, atteigne une telle vérité. C'est
au point que, quittant la présente biographie, on
ne saurait se résoudre à ce qu'elle soit une fiction.
On ne peut se consoler, sans doute,
d'être privé à jamais de l'oeuvre
d'un Joseph Tassël !
J.-P. S.
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