L'abbé Pelletier, curé de Dampierre et auteur de cet ouvrage, a travaillé «dans les dépôts d'archives» pendant de longues années et maintes fois sillonné le pays pour retracer l'histoire de ces deux bourgades comtoises qui ont nom Dampierre et Fraisans. Recueillant aussi nombre de renseignements auprès des habitants, il nous entraîne à la découverte de leur passé, en s'appuyant à la fois sur les textes officiels (voir les tableaux annexes et les principales sources consultées) et sur le terreau humain de cette région en bordure du Jura, «un couloir fertile drainé par le Doubs, enserré entre un plateau calcaire (240-270 m d'altitude) aux ressources variées et la forêt de Chaux», deuxième massifforestier de France. Habités bien avant que nos deux localités ne fussent constituées, les lieux ont accueilli des hommes dès l'ère paléolithique (grotte de la mère Clochette à Rochefort et abri du colonel Martin à Dampierre) et au néolithique, époque au cours de laquelle on construit des huttes, cultive la terre et domestique les animaux (découverte d'outils en silex poli, de fragments de meules, de poteries du côté d'Orchamps), avant l'utilisation des métaux (pirogue retrouvée à Fraisans, dénotant l'emploi d'un outil en métal) et l'installation des Séquanes au IV^e siècle avant J.-C. Après la pax romana et les grandes invasions, c'est l'organisation burgonde qui prévaut, malgré les incursions des Sarrasins (VIII^e siècle) et des Normands (IX^e siècle).

Cette histoire, dans laquelle la longévité le dispute à la richesse événementielle, se poursuit avec la création du comté de Bourgogne par Othon-Guillaume, vers l'an 1000, puis l'érection de la terre Fraisans-Dampierre en seigneurie (château de Fraisans bâti au sommet d'un rocher s'élevant à pic de trois côtés), par une vie médiévale «d'hommes du souverain» taillables et corvéables à merci, même s'ils échappent à la mainmorte et (assez vite) au servage, leur fidélité au catholicisme leur épargnant les guerres de religion, mais ne les mettant pas à l'abri de la conquête, par les Français, pendant laquelle Fraisans est pillé et déserté (1636). L'époque contemporaine n'est guère plus paisible, puisqu'aux «dures années de la Révolution» (nobles émigrés ou suspects, prêtres dans la tourmente, villages soumis aux réquisitions incessantes...), succèdent la résistance à la conscription, l'occupation des alliés (1813), la guerre de 1870 (Dampierre est littéralement pillé, tandis que Fraisans est occupé peu de temps), l'arrêt du fourneau de Fraisans (1878), alors même que ses ateliers de construction font sa célébrité, l'urbanisation de Dampierre (fontaine de la place), la Bébé-Peugeot du D^r Chancenotte et les deux guerres mondiales (74 soldats de Fraisans et 39 de Dampierre morts pour la France en 1918), suivies d'une résurgence économique. Les temps changent très vite, mais «l'essentiel n'est-il pas que les jeunes générations gardent la foi et la ténacité des ancêtres ?»

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