
N'est-il donc pas possible de voir dans la période coloniale, avec
sérénité et détachement, une phase révolue de l'histoire mondiale
parmi d'autres, avec ses causes et ses effets «naturels», ses
mauvais mais aussi ses bons côtés - et qu'on renonce à ressasser,
dans les anciennes colonies, des griefs allant parfois jusqu'à la
haine ? et qu'on se défasse aussi, dans les anciennes métropoles, de
ces sentiments de culpabilité qui sont si répandus aujourd'hui ?
La période demande d'abord à être expliquée. Comment se fait-il
que l'Europe soit parvenue à établir, puis à maintenir avec des
moyens remarquablement réduits sa domination coloniale sur une
si grande partie de la planète ? Une domination qui a duré par
endroits plus de quatre siècles, pour prendre fin il y a quelque cinquante
ans. Cela a-t-il été dû uniquement à une éphémère supériorité
navale et militaire ou n'y a-t-il pas peut-être eu d'autres causes
plus déterminantes ?
Et puis, peut-on vraiment parler de «la» domination coloniale
européenne alors que les politiques et les pratiques sur le terrain
ont été fort diverses selon la région ou la puissance coloniale ? Qui
en a profité et qui en a pâti, et quels bilans peut-on tirer à ce sujet ?
La traite négrière et l'esclavage sont deux aspects de la période
dont la réalité a été très différente, à maints égards, de l'image qui
domine aujourd'hui. Quant à la décolonisation subséquente, elle
explique en bonne partie la physionomie géopolitique du monde
actuel et, en particulier, la place que l'Europe et l'Occident y occupent,
ainsi que les problèmes et difficultés qui les assaillent.
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