
La saison des pluies était terminée. Je marchais dans le quartier des
temples, au sud de la ligne Osaka-Kobé. La fantaisie me prit d'entrer
dans l'un de ses cimetières et de m'asseoir à l'ombre sur une pierre.
C'était un temple plutôt modeste pour ce quartier, il y avait tout de
même cent cinquante tombes au moins, et une foule de fantômes
lumineux qui festoyaient autour [...], âmes lestées du sentiment qu'il
n'y a qu'une seule vie et qui se trouvaient réunies pour ce banquet
estival. Une semaine s'était écoulée entre la nuit où Ayachan était
montée dans ma chambre et ce nouveau jour de repos. Que devenait-elle
? Cette pensée m'avait agité jour et nuit, mais assis au milieu
de ce festin de lumière je retrouvais un peu de calme. J'apprenais moi
aussi, en vivant, qu'on ne vit qu'une seule fois.
À Amagasaki, dans le quartier des exclus du miracle économique,
parmi les vagabonds, les prostituées et les voyous, deux personnages
(Ayachan, belle captive tatouée d'un oiseau de paradis, et le narrateur,
«homme sans aveu») content la cruauté, mais aussi la splendeur de
leur vie secrète : «Si la mort est le but de la vie», qu'importent l'argent,
la réussite sociale, qui ne sont que temps perdu et masque illusoire de
la peur de mourir. Entre deux confrontations avec les truands et les
vagabonds, errant dans un enfer impersonnel, ils cherchent à se détacher
de ce monde de souffrances et de crimes. Mais avant d'orchestrer
leur fuite, il leur faut se tenir à l'affût, car la menace s'accentue.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.