Il lui était apparu d'abord quelconque, avec sa moustache et son uniforme terne, devant son pupitre. Puis il avait parlé. Des phrases prononcées lentement, d'une voix douce. Un adagio en quelque sorte, qui forçait les auditeurs à encore plus de silence. Soudain, le ton était monté, sa voix avait pris une puissance inattendue. Ce qu'il disait avait fini par n'avoir plus d'importance. La voix réveillait en elle des émotions presque musicales, toutes sortes de sentiments, colère, exaltation, tristesse, et joie, une joie indescriptible.
Erika avait seize ans. Elle était rentrée chez elle transformée. Elle serait nationale-socialiste.
Janvier 1945. Les Russes envahissent la Pologne occupée par Hitler. Sur les routes enneigées, Erika Sattler fuit avec des millions d'Allemands. La menace est terrible, la violence omniprésente. Pourtant, malgré la débâcle, Erika y croit encore : le Reich triomphera.
Voici le portrait intime d'une femme nazie - une simple femme nazie...
Une illustration possible de la « banalité du Mal » dans toute sa glaçante vérité.