Lire l'ouvrage de René Manetti, c'est pénétrer dans un univers où le «Bormes d'autre-fois» ne fait jamais oublier le «Bormes d'aujourd'hui» : où le passé vieux de plus de vingt siècles ne l'emporte pas, même dans une monographie historique, sur un présent qui revendique sa modernité et les Borméens le titre de 1^er village fleuri de France, où l'année 1968 évoque beaucoup moins, pour eux, des «troubles» politiques que l'avènement «pour la France et le monde entier» du nom «Bormes-les-Mimosas» et la consécration du fort de Brégançon comme résidence d'été du président de la République. Est-ce à dire que la cité varoise vit repliée sur elle-même, indifférente au sort du monde ? Certainement pas : sa population compte une forte proportion d'étrangers. Elle a été marquée par l'empreinte de l'histoire, plus souvent qu'à son tour, payant un lourd tribut, lors de la Première Guerre mondiale (46 Borméens morts au champ d'honneur) et subissant l'occupation italienne, puis allemande, de 1942 à 1944 (4 jeunes Borméens tombés pour la défense du sol) et accueillant de nombreux Pieds-Noirs et harkis, après 1962. Cependant, ici, le sentiment d'identité locale est profondément ancré en chaque Borméen et les impératifs de l'histoire nationale, voire mondiale, ne supplantent pas les nécessités quotidiennes et le plaisir de vivre à Bormes. Pour justifier cet acte de foi en un modus vivendi borméen, René Manetti n'a guère besoin de plaider ; il lui suffit d'évoquer des faits : un vieux village provençal s'étendant sur le flanc d'une colline, face à la mer, non loin d'Hyères et de Saint-Tropez ; le record de France pour l'ensoleillement, pendant les trois mois d'hiver ; un pays de vignerons, d'horticulteurs, de maçons, de restaurateurs réputés, de céramistes et de potiers ; un relief tourmenté dont les cailloux d'une blancheur immaculée luisent au soleil ; des forêts trop souvent dévorées par des incendies, mais des plaines recouvertes par une extraordinaire variété d'arbres fruitiers, des chemins fleuris et le royaume des mimosas... Ajoutez à cela «ces hameaux qui font la commune» : Bormes-le-Pin, La Favière (Bormes-Plage ou Bormes-Port), le Mont des Roses, le Village de la Mer, Cap Bénat, Brégançon, Cabasson, Léoube, le Village des Fourches, le Village de la Manne, La Verrerie, Manjastre, le hameau forestier des Caunes et la Vallée du Dom ; les promenades dans le quartier médiéval, après la Tour de l'Horloge ; les vins des domaines des Campaux, de Sainte-Marie, du Clos Mistinguett, de la Pointe du Diable, de l'Angueiron et de Brégançon que les touristes font connaître en France et hors de France ; une qualité de l'air et des plaisirs de la table, une variété de loisirs et une richesse de la vie associative ; un patrimoine architectural superbe, avec le château de Fos, abandonné, démoli, restauré, puis aménagé, la chapelle Saint-François-de-Paule, l'église Saint-Trophime, inaugurée en 1783... en bref, de quoi réconcilier le présent et le passé, les anciens et les modernistes, la cité et le pays tout entier.

Spécifications