D'où vient le malaise vécu aujourd'hui par les sociétés arabes ?
Telle est la question posée par les romans qui sont ici étudiés. La
littérature arabe contemporaine, qui a eu la chance d'échapper à la
grisaille générale qui frappe tout ce qui tourne autour du pouvoir
politique, a peut-être eu le mérite d'entretenir et de méditer cette
question, dans son silence et sa solitude. En observant le quotidien,
en se mettant à l'écoute des gens modestes, en adhérant à leurs
rêves et à leurs espoirs, elle sonde le réel et indique les voies de ses
transformations nécessaires. Elle se fait l'écho des situations de
détresse, décrit les schèmes de pensée archaïques, fait état des blocages
historiques et psychologiques, mais elle fait scintiller aussi
bien les rayons de l'espérance et éclater les bourgeons de la nouveauté.
Elle trouve dans l'émigration un observatoire idéal qui, en
même temps qu'il libère le regard de l'obscurité ambiante, lui permet
de se porter plus loin et de mieux percer les ténèbres par lesquelles
il se sent assailli.