En 1958, Jean Douassot, écrivain inconnu, publie La Gana, son premier roman, et se voit décerner le prestigieux prix de Mai par un jury où siègent notamment Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Roland Barthes, Georges Bataille et Maurice Blanchot. « L'auteur nous a subjugués, envoûtés », a écrit Maurice Nadeau dans la préface du livre qui va devenir culte.

La Gana décrit le quotidien sordide et miséreux du jeune Alfred, qui vit dans la cave d'un immeuble bourgeois de Boulogne-Billancourt. Un père alcoolique, ouvrier à l'usine, une mère tuberculeuse, vendeuse de légumes sur les marchés, une grand-mère aveugle, qui lave le linge pour quelques sous, l'autre, épave humaine et prostituée de bas étage, un oncle escroc et libertaire, une locataire perverse nommée la Perny, initiatrice des pires dévergondages : tels sont les personnages qui entourent Alfred et lui enseignent la survie dans ce cloaque nauséabond où les sentiments sont abrupts et les relations, violentes.

La publication de La Gana ne s'est pas faite sans mal : le texte, cruel et cru, a fait l'objet d'une censure dans laquelle l'éditeur et critique littéraire Maurice Nadeau a joué un rôle essentiel. C'est l'histoire de cette censure, objet du litige entre Fred Deux, alias Jean Douassot, auteur et artiste, et son éditeur qui est ici racontée. On y voit les deux hommes s'affronter, dans leur humanité, leur amitié et leurs convictions. On y croise aussi Georges Bataille, Joseph-Marie Lo Duca et Cécile Reims, l'épouse de Fred Deux. On y lit enfin des passages inédits de La Gana, dont la suppression resta pour l'artiste- écrivain une blessure profonde, qui éclaire le sens de sa démarche, à la fois humaine et artistique. Somptueusement illustré par son oeuvre graphique, Fred Deux, l'incorrigible. Inédits de la Gana nous plonge dans l'incroyable univers d'un artiste total, qui voulut tout dire de sa vie, extraordinaire et terrible, par la fulgurance des mots et du dessin.

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