
Cette étude
met
en lumière un aspect
de l'oeuvre de George
Sand jusqu'ici peu visible.
Au début de sa carrière, l'écrivaine
avait mis en scène, dans des
romans intimes, des héroïnes malheureuses, souvent mal mariées ou
abandonnées. Mais, à partir de 1835, on la voit sortir de la sphère privée. Pour
répondre au désarroi de son siècle, elle pénètre dans la sphère publique et présente un
vaste projet de régénération sociale. Se rendant compte de la fonction proprement
nourricière des mythes, elle façonne des fictions où l'on découvre en filigrane tout un appareil
thologique, original et puissant, inspiré de modèles trouvés dans l'Antiquité, l'ésotérisme, le Celtisme,
sociétés secrètes et les hérésies médiévales.
Avec la deuxième version de Lélia, c'est Prométhée qui dérobe le feu à la gent masculine. Myrza propose
une autre Genèse vidée du péché originel. Avec Jeanne et Le Compagnon du Tour de
France, Sand rend fierté et voix aux classes "oubliées". Spiridion est un appel à l'hérésie
et une annonce du règne de l'Esprit. Enfin, Wanda, la sibylle de La Comtesse de
Rudolstadt, prophétise l'avènement d'un Nouvel Âge, d'une Nouvelle
Église et d'un nouveau contrat social.
Ainsi, la décennie mythographique de Sand aura été une phase
lumineuse et expérimentale dans sa vaste entreprise
d'explorer les frontières maximales du roman.
En faisant de ses fictions l'instrument d'une
reconstruction symbolique de la
société, Sand se montre une
véritable annonciatrice
de l'avenir.
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