
Proses poétiques et biographies imaginaires, rêveries érudites
et lectures vagabondes, l'oeuvre de Gérard Macé s'écrit à l'écart
des genres. Elle va à rebours du présent et explore les temps
antérieurs, non par goût de l'archive, mais pour y puiser des
pensées nouvelles. Car Gérard Macé ne sépare pas l'invention et
la mémoire, dans des livres où la fiction et les souvenirs, l'essai
et la rêverie se confondent. Il s'invente une mémoire comme on
endosse un costume d'emprunt, et réenchante son passé à
mesure qu'il s'enfonce dans ses lectures. Le réel et l'imaginaire,
le familier et l'étranger s'échangent alors, en brouillant les
identités au fil des pages tournées.
Pourtant, Gérard Macé ne s'égare pas seulement dans le
labyrinthe des bibliothèques, puisqu'il invite au dépaysement,
dans les détours du voyage ou les décentrements de la traduction.
Il puise à l'exactitude du concret, transcrit un détail attesté
ou s'aventure dans les sciences humaines, pour dire le monde
avec lucidité. À la manière des colporteurs, il mêle la précision
des savoirs et l'enchantement de la rêverie, avec le souci de la
trouvaille. Mais trans-poser ses souvenirs ou saisir le réel dans ses
photographies, consigner ses lectures ou partir dans le sillage
des explorateurs, c'est toujours élaborer une poétique de la
mémoire. Car c'est l'ébranlement d'une rencontre qui conditionne
le retour du passé et permet de célébrer les retrouvailles.
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