
On sait aujourd'hui l'appliquer en laboratoire puisque, par exemple, les méthodes
de cryoconservation utilisées pour congeler embryons et spermatozoïdes consistent,
en fait, à les placer en état de vie latente.
Bien qu'il soit hautement original, ce problème de biologie n'a encore été que très
peu exploré par l'histoire des sciences. Pourtant, les premières observations
d'organismes capables d'entrer en vie latente et de «ressusciter» (comme on disait
à l'époque) remontent au XVIIIe siècle ; au lendemain des travaux pionniers du
Hollandais Antoni van Leeuwenhoeck, elles entraînèrent de houleux débats
auxquels participèrent notamment l'Anglais John Needham et l'Italien Lazarro
Spallanzani. Les biologistes du XIXe siècle héritèrent des interrogations laissées par
ces découvreurs et c'est ainsi qu'Henri Dutrochet ou Claude Bernard - parmi bien
d'autres - furent conduits à élaborer une réflexion fondamentale sur la notion de vie.
Les mécanismes moléculaires à l'oeuvre dans ce phénomène seront étudiés au XXe
siècle, lequel sera marqué, on le sait, par le développement de certaines
applications dont l'une des plus remarquables est sans doute la congélation des
embryons humains.
État limite du vivant, la vie latente traverse depuis maintenant trois siècles l'histoire
des sciences de la vie. Les questionnements scientifiques et épistémologiques qu'elle
provoque, sans cesse renouvelés, sont explorés dans le récit très illustré qu'en donne
ici Stéphane Tirard.
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