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Je descends vers l'horizon, flanqué de ma maigreur, la bouche ouverte à la stupéfaction. Je ne demande qu'à remplir ma faim de l'abondance d'une terre - non celle des évidences, plutôt une terre accrochée au bien du ciel (sans joindre les mains pour autant). Je descends les jambes creuses, thorax et vie évidés. À la vue des tombes, fais un pas de côté.
Avec Horizons 111, son nouveau recueil de poèmes, Marc Blanchet se donne pour tâche de compter de I à III, puis de IIO à I : l'infini puis retour. Alors s'organise la course de fond d'une extension du domaine de la lutte arrimée à une tentative d'épuisement. Tout y passe : la géométrie du point de fuite, la sensation de vide et de plénitude, de chute et d'ascension, de renaissance au plus près de l'inconnu, au plus loin de soi puisque la vision toujours nous déborde... L'expérience de la pluralité se déroule sous nos yeux, celle de la conquête de l'espace et du temps. Un observateur les appréhende, si solidaire de notre destin le plus quotidien. Car l'horizon « parle notre langage/sans dire un mot ».
Horizons 111 est l'invention d'un lyrisme subtil autant que total, qui sans cesse opère des « pas de côté », des feintes pleines d'humour, qui nous offrent le lieu et la formule de nos rêves. « Le métier de vivre » ne s'éprouve-t-il pas à la lisière de l'insaisissable ? Nous sommes des frontaliers du réel.
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