
Ce roman poème énigmatique parut en deux
tomes, en 1797 et 1799, peu avant que
Hölderlin ne s'enferme dans son malheur, clos
par la mort de «Diotima», Suzette Gontard en qui
Benjamin Péret nommait une grande plume de
l'«amour sublime». Hypérion narre - à travers des
lettres à un ami ou entre des amants - une errance,
une tentative d'émancipation diluée dans la barbarie,
la déliquescence des aspirations et la mort
au monde. Il évoque davantage qu'il ne raconte,
faisant de la subjectivité le critère et le contenu de
ses méditations philosophiques et lyriques : subjectivité
prise en tenaille entre le souvenir exemplaire
des héros et des oeuvres mythiques et d'autre part
la trivialité désabusée de l'existence soumise au
despotisme et à la banalité.
«Il est si rare qu'un homme en faisant son premier
pas dans la vie ressente ainsi, en une fois,
d'une manière si soudaine et si profonde, dans
ce qu'il y a de plus délicat en lui, tout le destin de
son époque, et que ce sentiment demeure indestructible
en lui, parce que celui qui l'éprouve n'est
ni assez brutal pour le chasser ni assez faible pour
en pleurer. Et cela, ô mon tendre ami ! est si rare
qu'on a peine à le croire naturel.
»Or, dans les ruines si paisibles d'Athènes, je
fus moi-même assez frappée [...] de constater que
maintenant ce sont les morts qui règnent sur la
terre, tandis que les vivants, ces hommes-dieux,
sont dessous...»
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