
Dans sa dimension érudite, l'orientalisme s'est développé au XIXe siècle à
travers des échanges intenses entre les savants des pays européens. Dans
la géographie complexe de ces réseaux, les relations entre France et
Allemagne se distinguent par leur densité. Migrations savantes,
correspondances érudites, débats et emprunts de méthodes entre les
deux pays ont formé les jalons d'itinéraires matériels et intellectuels qui
ont profondément marqué la forme et le contenu des différentes
branches de l'orientalisme. La longue série des contacts et pérégrinations
savantes entre Allemagne et France convoque les grands noms de ces
disciplines : Silvestre de Sacy, Humboldt, Max Müller, Mohl, Rémusat,
Burnouf, Klaproth...
Faire l'histoire de ces réseaux, c'est entrer dans la fabrique de la science
orientaliste, comprendre l'attractivité exercée par Paris, montrer le rôle
d'institutions telles que les Sociétés asiatiques des deux côtés du Rhin,
suivre le parcours difficile mais passionnant de ceux qui se destinaient à
l'orientalisme ; c'est surtout saisir comment, en dépit de leurs divergences,
les traditions philologiques française et allemande ont pu se féconder
mutuellement et faire des études orientales le lieu d'invention de nouvelles
formes d'appréhension des textes et des cultures.
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