
L'indépendance de la colonie de Saint-Domingue, proclamée le
1er janvier 1804 sous l'ancien nom indien d'Haïti, mit les nouveaux
chefs du pays dans la situation d'avoir à créer de toutes pièces un État.
Ils disposaient pour ce faire des seuls viatiques d'une nation d'esclaves
illettrés et des ruines fumantes des plantations coloniales.
Parmi les principales questions qui se posaient, deux d'entre elles
sont au coeur de cet ouvrage. À qui serait dévolue la propriété des terres
des anciens colons ? Quelle serait l'étendue des droits et des libertés à
accorder aux anciens esclaves pour qui l'abolition de l'esclavage signifiait
le droit de vivre sans travailler pour le compte d'un maître ?
L'histoire chaotique de la République d'Haïti, ses coups d'État multiples
baptisés du nom de révolutions, son peuple divisé en deux classes
qui s'ignorent : la «République de Port-au-Prince», c'est-à-dire la
bourgeoisie, l'armée et la classe moyenne urbaine, et le «pays en
dehors», autrement dit les paysans majoritaires, division qui se complique
aujourd'hui du fait de la croissance incontrôlée de la masse des
miséreux des bidonvilles, sont en grande partie la conséquence des
réponses apportées à ces deux questions. Ces réponses furent innombrables
et souvent contradictoires. Presque aucun chef d'État, si court
qu'eût été son mandat, ne s'est abstenu de légiférer sur ces objets et
aucun n'a réussi à aboutir au but recherché.
À travers l'histoire du foncier en Haïti, de la succession des anciens
colons, de la distribution et du mode d'exploitation des terres, c'est la
condition des paysans haïtiens que traite ce livre, du Code noir aux différents
codes ruraux édictés au cours des deux cents dernières années.
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