La peinture, la zoographia, le «dessin du vivant», Platon l'accuse de
«dire toujours la même chose», le permanent, le répétitif, comme les
rites et les coutumes, la longue durée des anthropologues. Or, il y a des
philosophes et des historiens de l'art pour penser qu'il n'en est rien. Et
il est juste qu'un poète comme Alain Robinet - avec cette question :
«écrire à propos de la peinture ?» - profite des fissures, fractures,
désordres de la peinture - la représentation qui échoue - pour faire
apparaître le simulacre, «l'érotisme tragique», une histoire méconnue,
histoire de «la pulsion scopique» ou du désir de l'homme qui fabrique
des images ou qui en parle. La «cité des images» où les aventuriers de
l'origine - ou de «l'horizine» - cherchent à résoudre l'énigme de cette
force qui pousse l'homme à figurer, «l'inspiration» ou la «création»
en peinture, s'avère être une cité divisée qui, loin de toujours dire la
même chose, dit des choses opposées ou contradictoires. Les figures, le
visible ont une parenté certaine avec le mot : comme lui, ils sont l'enjeu
d'une lutte âpre, millénaire, irréparable.
Gérard Augustin