Dans les derniers jours de l'année 1822, Louis XVIII se vit sollicité au
congrès de Vérone pour intervenir en Espagne. Son neveu reçut la charge
et l'honneur de conduire une armée fière de pouvoir rivaliser avec le
souvenir de la Grande Armée. Il ne s'agissait plus d'une guerre
d'indépendance où le patriotisme l'emporte sur l'idéologie, mais d'une
lutte intérieure entre les partisans d'un roi despotique et les partisans
d'une constitution libérale qui faisait peur aux pays de la Sainte-Alliance...
Le peuple indécis, soumis à l'influence d'une partie du Clergé et à celle
de l'Inquisition, ne trouva pas les élans qu'il avait eus pour s'opposer aux
armées de Napoléon et, à tort ou à raison, il s'ouvrit à celles de Louis XVIII.
Pour l'armée du duc d'Angoulême, les dangers que comporte une guerre
d'intervention allaient donc se trouver réduits à des combats offrant peu
de résistance. C'est ce qui fera dire aux anciens des campagnes
napoléoniennes et aux détracteurs du régime qu'à l'exception de quelques
foyers de résistance et la prise d'assaut du Trocadéro, l'expédition engagée
en Espagne fut une «promenade militaire».
«Cette campagne a posé des problèmes stratégiques parfaitement analysés
dans cet ouvrage, soit dans la marche de Madrid à Cadix, siège de la rébellion,
soit lors de la campagne de Catalogne. La prise du Trocadéro mérite mieux que
des sarcasmes encouragés par la modestie du duc d'Angoulême. Et que ce dernier
ait été reçu en triomphateur à Paris un 2 décembre mérite attention. Cette date
symbolisait une revanche et une réconciliation, malheureusement non suivies
d'effets». (Préface de Jean Tulard)