
«Ennemis de la modération, certains écrivains ne travaillent
que dans la fièvre. Et cela fait dire aux dames des quartiers
tranquilles que ces gens sont des "exaltés". Cioran les résume
tous quand il affirme n'avoir pas "écrit une seule ligne à
température normale" et autrement que "dans un climat de
règlement de comptes". Car c'est l'idée de mourir qui échauffe
l'esprit de ces auteurs et les rend furieux. Le plus souvent,
l'espèce humaine s'efforce de ne pas y penser. Mais eux ne
décolèrent pas.
Jugeant la plaisanterie très mauvaise, ils ressassent ou
remâchent leur mécontentement... Pierre Lepère a répertorié,
de 1532 à 1859, une grande partie de ces "véhéments" ou de
ces "frénétiques" pour lesquels les livres étaient des
"insomnies". Il a voulu "rédiger une légende de l'excès, à partir
d'existences contradictoires, placées sous le signe de l'éclair,
de la fureur et du choc".»
François Bott, Le Monde.
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