
Comme tout groupe vivant replié sur lui-même, les poilus construisent leur propre langage. Si certains mots sont des néologismes, la plupart sont dérivés de mots anciens, de l'argot parisien, de patois régionaux, de parlers des corps de métiers ou encore de langues étrangères... Chacun de ces mots a ainsi son histoire, sa propre filiation.
Cet argot permet aux combattants d'affirmer leur appartenance à la communauté et de renforcer la solidarité indispensable à la survie du groupe (les journaux de tranchée - journaux réalisés par et pour les poilus - fourmillent d'ailleurs d'exemples de cet argot des tranchées) ; il répond également au besoin d'évoquer la violence du conflit, entre combattants mais aussi avec l'arrière, comme en témoignent les lettres envoyées aux familles. Humoristique, énigmatique, exotique, ironique, l'argot des poilus est un moyen habile de prendre du recul et de dédramatiser le quotidien.
Qu'ils soient tombés en désuétude après-guerre ou qu'ils se soient ancrés durablement dans la langue, ces mots d'argot constituent de précieux révélateurs de l'expérience combattante.
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