Mirbeau, Geffroy, Huysmans, Rachilde, Mallarmé, Allais ou Renard,
animèrent cette queue de siècle que d'aucuns, comme Léon Daudet,
qualifièrent de stupide, et qui traîna pêle-mêle l'affaire Dreyfus, les
premières oeuvres de Proust, les lois de séparation de l'État et de l'Église,
l'érection de la tour Eiffel, les attentats anarchistes, ou les salons des
Indépendants. Décadente, leur Belle Époque le fut, certes, comme la nôtre ;
mais leur Décadence à eux fut créatrice.
Ce Curieux XIXème siècle plaça à une hauteur qui nous est désormais
étrangère l'idéal esthétique conçu comme l'expression d'une pureté et
d'une grandeur de la forme littéraire portée à incandescence, celle d'une
poétique à mille lieues de la vaine et assourdissante communication.
Le prétendu hermétisme mallarméen, la folle et libre invention
d'Alphonse Allais, la parole critique de Rachilde, le renouvellement des
thématiques dans l'exploration des territoires de l'imaginaire et du
religieux, furent autant de coups de sonde dans une opacité qui est alors
signe de renouveau, car délaissée par la vulgate romanesque naturaliste.
Tantôt s'agrégeant en groupuscules mus par d'étroites et sensibles affinités,
tantôt cultivant un quant-à-soi farouchement indépendant, les quelques
écrivains ici mis en lumière composèrent avec un tempérament où se
confondaient volontiers l'inspiration littéraire et l'inclination individualiste.