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En ce mois de décembre 2015, on fête – célèbre – déplore (biffer les mentions inutiles) le vingtième anniversaire des Accords de Dayton qui, s’ils ont mis un terme à la guerre en Bosnie-Herzégovine, ont surtout résolu la volonté des puissances occidentales de se désembourber d’un pays qu’ils ont ainsi figé dans une situation sans avenir. À travers trois journaux intimes, écrits à des époques différentes par trois membres d’une même famille, Jasna Samic nous donne un roman sur les rapports fille-père, mais également sur Paris et Sarajevo à la veille des événements qui vont secouer les Balkans dans les années 90. Un avertissement opportun en ces temps où notre vieille Europe dénuée de projet voit se dresser partout les démons nationalistes dont elle semble avoir oublié les ravages. La phrase d’Ödön von Horvath mise en exergue sert de profession de foi à ce roman de double exil : « Je n’ai pas de pays natal et bien entendu je n’en souffre aucunement. Le concept de la patrie, falsifié par le nationalisme, m’est étranger… Mon pays, c’est l’esprit. »
Née à Sarajevo, Jasna Samic vit à Paris. Spécialiste des langues, littératures et civilisations orientales, elle a enseigné aux universités de Sarajevo et de Strasbourg, a été directeur de recherche associée au CNRS et collaboratrice de Radio France Internationale et France culture. Traductrice de nombreuses langues, elle a aussi mis en scène des pièces de théâtre à Paris et à Sarajevo, et a réalisé nombre de films documentaires. Elle a été lauréate de « Missions Stendhal » en 2008 et dirige actuellement la revue Književna Sehara, publiée en serbo-croate (bosniaque), français et anglais. Elle écrit en français et en bosniaque (serbo-croate) ; ses ouvrages comprennent des textes sur le soufisme, des essais, des romans, des nouvelles, de la poésie et du théâtre. Son précédent roman, Portrait de Balthazar, également paru aux éditions M.E.O., a obtenu en 2014 le prix Gauchez-Philippot.