L'homme du Moyen Âge est d'abord un paysan (ou une paysanne).
Entre l'an 500 et l'an 1 500, les habitants de l'Europe sont
pour plus des trois quarts des ruraux qui vivent principalement
du travail de la terre. Mais la réalité du paysan est autre que celle
de l'imaginaire collectif. Bien plus que les moines, le paysan fut
le principal acteur de la transformation des paysages, de la création
des villages qui sont encore les nôtres, du peuplement des
villes nouvelles et de la mise sur pied d'une agriculture capable
de nourrir davantage de bouches. La plupart du temps, il est
mieux nourri et vit mieux que son descendant de l'époque de
Louis XIV. Politiquement, il a su s'organiser en communautés
dynamiques appuyées sur des institutions originales à l'origine
de nos municipalités rurales. Dans l'ensemble, ces communautés
se sont avérées capables de défendre les droits de leurs membres,
en justice ou les armes à la main et d'amener les seigneurs
à accepter des compromis en matière de liberté personnelle, de
prélèvement économique ou d'autonomie administrative.