
Louis de Rohan-Guéméné est né sous Louis XV, en 1734, dans une famille
opulente et très influente. Destiné dès sa naissance à l'Eglise, le prince Louis
fera d'excellentes études chez les jésuites puis au séminaire de Saint-Magloire
et à la Sorbonne. Là, il sera le condisciple de tous les grands prélats qui participeront
au gouvernement de la France jusqu'à la Révolution. Il fait une carrière
météorique au sein de l'Eglise de France : chanoine du Chapitre de Strasbourg
à neuf ans, prieur commendataire du grand monastère de Sauxillanges en Auvergne
à onze, ordonné prêtre à vingt-deux, coadjuteur de l'archevêque de
Strasbourg, son oncle, à vingt-cinq. A ce titre il reçoit du roi deux importantes
abbayes en commende, celle de la Chaise-Dieu en Auvergne et celle de Mont-majour
en Provence, avant d'être nommé, par le pape Benoît XIV, évêque de
Canople un an après. L'Académie française l'accueille à vingt-sept ans ! En
1771 il est envoyé en Autriche, comme ambassadeur extraordinaire, où il se
montrera très fin diplomate en dévoilant au roi, avant l'heure, le dépeçage de
la Pologne. Il accumulera ensuite les postes les plus éminents : archevêque de
Strasbourg, grand aumônier du roi, cardinal, ou proviseur de la Sorbonne.
Il va tomber dans un guet-apens monté par une intrigante, Mme de La Motte-Valois,
dans l'affaire dite «le collier de la reine», mais que l'on devrait plutôt
intituler «les diamants du roi», où il sera honteusement dupé. Acquitté par le
Parlement de Paris, il sera exilé à la Chaise-Dieu. Il reprendra ensuite ses fonctions
en Alsace, avant d'être député à l'Assemblée nationale.
Le prince Louis terminera ses jours, en 1803, à Ettenheim, dans les diocèses
allemands qu'il avait conservés, traînant jusqu'à la fin de sa vie les séquelles
de son instant d'égarement, mais fascinant son entourage par son courage, son
intelligence et sa bonté.
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