
«Tout à coup, sans être plus grand, un titre m'apparut
néanmoins plus important que tous les autres : "L'ADN
rend sa couronne à Louis XVII." Je reposai le journal. En
un instant, cette phrase m'avait trouvée à l'endroit précis
où j'étais, assise à ma table ronde : elle s'adressait à moi
personnellement, comme un message particulier, une petite
annonce publiée, sans m'avertir et à ma seule intention.
Car ce que j'avais devant mes yeux, sur une page indifférente,
c'était, en quelque sorte, la clef de ma mémoire
héréditaire. Quelques mots avaient suffi à me défaire et à
me projeter vers l'intérieur de ma chair, au coeur même de
chaque cellule, vers ce monde de bases nucléiques et d'acides
aminés où je cessais d'être une personne. À cette
échelle moléculaire, j'étais dissoute et entraînée bien avant
moi-même, vers un autrefois habité par un Père immense
derrière lequel je distinguais une multitude d'autres pères.
En lisant les premières lignes de cet article, je remontais
une vie, non la mienne, mais celle d'un inconnu qui était
mon fil d'Ariane, un petit garçon dont l'existence était
issue d'une même Loi ancestrale, un être qui partageait
ma singularité familiale, ma façon d'être "unique à plusieurs"
sur une seule lignée.»
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