Contrairement à la floraison de
pamphlets déguisés sous le burlesque
caractéristique des années
quatre-vingt dix à Cuba,
Le Signe de jade ne repose pas sur
l'hypothèse qu'ailleurs, dans les
démocraties riches et capitalistes,
les choses en vont autrement,
ni que les choses
pourraient être rationnelles et
bonnes, si seulement le «Représentant»
disparaissait ; il
postule que la «pierre de lumière»
gisant sous les décombres
des illusions est la
royauté sur soi, image qu'on retrouve
comme une formule
magique, chez José Martí
comme chez Lezama Lima.
Le signe de jade, c'est un éclat
qui parle, qui indique la route,
une lueur verte enfermée
dans la roche profonde, visible
seulement pour le personnage
itinérant de Leandro.
Il a encore plus faim que les
autres mais il résiste calmement
à la tentation de mutiler
les autres. Dès les premières
pages, son triomphe est annoncé
: «ton innocence est
trop grande pour ce bourg».
Leandro, grâce à sa pureté, retrouvera
la liberté, sans perdre
son aptitude à ressentir le
monde comme un affamé.