Quels rapports les hommes du Moyen Âge entretenaient-ils avec la nature ? Loin du cliché d'un Moyen Âge immobile et livré aux calamités naturelles, cet ouvrage riche en apports archéologiques atteste qu'il s'agit d'un thème central des réflexions, traversant les siècles et les évolutions de la période. Couvrant le millénaire de l'ère médiévale, l'auteur s'attache particulièrement au temps des cathédrales et aux premières émergences de préoccupation environnementale.
Pour qui s'intéresse à la société médiévale, la question écologique peut sembler secondaire au regard du rapport à Dieu, des formes de domination ou de l'organisation politique. Les sciences paléo-environnementales, l'archéologie moderne et les textes de l'époque suggèrent pourtant que leurs rapports à la nature sont bien l'une des grandes questions que se posent les hommes du Moyen Âge.
Remettant en cause le cliché d'une période de stagnation, livrée aux calamités naturelles, l'auteur montre que ces rapports n'ont cessé d'évoluer. L'évêque mérovingien, le serf d'un domaine carolingien, l'hôte d'un village neuf du XIIe siècle, le théologien du XIIIe siècle, ou le maître de forge du XVe siècle ne partagent ni la même vision ni les mêmes attentes vis-à-vis de la nature. Après l'an mille cependant, la croissance démographique, l'amélioration des moyens techniques et la redécouverte de la science grecque ont peu à peu fait basculer l'Occident dans un nouveau paradigme. La maîtrise du monde sensible devient un but collectif légitime et réalisable. La nature est alors fortement mise à contribution. Ainsi, si l'ouvrage couvre le millénaire médiéval, le cœur de l'enquête reste le grand développement des XIe, XIIe et XIIIe siècles, moment crucial de l'" invention de la nature ", gardienne de la Création et de ses lois, et d'une prise de conscience écologique qui n'en a pas encore le nom.