Pour être un écrivain reconnu par son entourage, il faut « passer chez Pivot ». Pour être un écrivain mis en piles sur les tables des librairies, il faut « passer chez Pivot ». Dans les milieux littéraires, Apostrophes tourne à l’obsession : 98 % des auteurs sont déçus de ne pas être invités et les 2 % qui le sont, restent paralysés de trac tant l’enjeu leur paraît d’importance. Dans ce contexte qui échappe souvent à la raison, les chiffres les plus fous circulent, les plus folles rumeurs. Bernard Pivot, star des médias, a tantôt une image de sauveur de l’édition, tantôt de « dictateur des lettres ». Fruit d’une enquête approfondie effectuée auprès des auteurs, éditeurs et libraires, étayé d’analyses statistiques courant sur les douze années d’Apostrophes, ce livre mesure objectivement l’« effet Pivot ». Édouard Brasey montre à quel point la réussite de l’émission est liée à la personne de son animateur et inventeur dont il retrace l’itinéraire : courriériste littéraire puis chroniqueur gastronomique, inventeur d’une rubrique critique de publicité puis éditorialiste d’humeur et d’humour, directeur de la rédaction de Lire, grand amateur de beaujolais et de football, auteur d’ouvrages peu connus dont un roman et un pamphlet contre les critiques littéraires, c’est un journaliste touche-à-tout. Un honnête homme au sens du XVIIIe siècle revu au prisme de la culture de masse.

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