
Raphaël Lemkin (1900-1959)
a consacré sa vie à introduire
dans le droit international le
concept de génocide, esquissé
dès 1933 et formulé en 1943.
Ses premiers travaux portent sur
l'Arménie, mais le procureur
polonais est rattrapé par l'histoire
et doit s'exiler à New-York.
C'est là, alors que sa famille
disparaît dans les camps de
la mort, qu'il forge un terme
introduit dans le droit positif
dès 1945 à Nuremberg, avant la
signature par les Nations-Unies
de la Convention pour la
prévention et la répression du
crime de génocide (1948) dont il
est le principal rédacteur.
Sous quelle juridiction et sur
quelles bases poursuivre les
génocidaires ? L'élaboration
du concept fait apparaître des
tensions entre souveraineté des
États et conventions internationales,
mais aussi entre les différentes
approches juridiques qui
tentent de formuler l'innommable.
Elle appelle une définition des
victimes. Elle interroge aussi la
notion juridique et philosophique
de responsabilité, entre celle
des personnes et celle des États.
Lemkin cerne ainsi la nature
d'un crime qui ne saurait
se limiter au nombre des
victimes mais attente à l'avenir
d'un peuple et à la survie
d'une culture. Le génie du
juriste est précisément là :
une ambition qui tente d'élargir
le concept sans le dissoudre,
et le souci constant de le rendre
opérationnel sans jamais perdre
de vue les conditions politiques
et juridiques de sa mise en
oeuvre.
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