
Cette femme-là dérange. Quand elle était secrétaire
générale de la CFDT (la première femme à occuper un tel
poste), Nicole Notat n'a pas hésité à bousculer les lignes,
avec la conviction que l'intérêt général devait prévaloir sur les
étroitesses corporatistes.
Et quand elle a quitté ses fonctions syndicales, elle a
encore innové en fondant une entreprise, une agence de
notation "extra-financière", Vigeo.
Celle-ci a dix ans, elle est aujourd'hui leader sur le marché
européen.
Lorsque Moody's ou Standard and Poors conseillaient
d'investir dans Tepco (qui avait le monopole du nucléaire au
Japon), Vigeo mettait en garde ses clients. Comme elle les
mettait en garde contre la manière dont BP procédait sur ses
plateformes offshore...
Une agence "extra-financière" n'est pas une ONG même
si ses préoccupations peuvent converger avec cette dernière.
C'est une entreprise qui conseille les investisseurs, qui leur
dit qui respecte ou non les droits de l'Homme et du travail,
l'environnement, qui se prémunit contre la corruption, etc.
C'est aussi une société qui, à la demande des entreprises
mêmes, dresse un audit sans concession.
La conviction de Nicole Notat n'est pas que le capitalisme
doit devenir moral. Mais que les entreprises, à commencer
par les multinationales, sont obligées de se soucier de leur
empreinte sociale et environnementale, de devenir "responsables".
Par conviction ou par nécessité, saisies par l'urgence
de concevoir un modèle de développement plus soutenable.
Dans un monde où l'information se déplace à la vitesse
de la lumière, cette évolution est, explique-t-elle, "l'enfant
inattendu de la mondialisation".
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