Georges Poulet laisse monter à la surface de son investigation ces
fractionnements du récit, ces voyages clés où continu et discontinu
s'accordent dans la distance, ces inversions constantes entre
macrocosme et microcosme qui, à travers l'oeuvre proustienne, nous
informent sur un certain «espace vécu» parallèle ou analogue au
«temps vécu».
Il ne s'agit pas ici de psychologie directe ou indirecte, d'analyse
esthétique ou de philosophie, de morale ou de métaphysique.
Par-dessus l'immense étendue du monde proustien, l'essayiste a
tendu une sorte de grille aérienne qui lui permet de fixer à même
l'espace une série de repères. Et c'est l'agile confrontation de ces
repères qui finit par nous restituer progressivement, patiemment, les
aspects jusqu'ici fragmentés d'une vérité concrète ou directement
préhensible.